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Avec sa vaste ramée, la ferme des Arbres datant sans doute de la fin du XVIe siècle est une des seules fermes de La Chaux-de-Fonds représentant le type architectural de l’ouest du pays (Le Locle, vallée de la Brévine et au-delà, Franche-Comté). Avant la construction du « Château des Arbres » en 1790, puis de l’Hôpital communal en 1898, la ferme des Arbres se trouvait au centre d’un vaste domaine. La maison est intéressante à plus d’un titre, avec en particulier à l’arrière une partie fortifiée qui fait penser à un corps de gardeDias .
Cette ancienne ferme, désaffectée depuis des années, ne manque pas d’attirer l’attention de l’ASPAM, soucieuse d’en assurer la sauvegarde.

Dans un premier temps des tractations ont lieu avec le propriétaire en vue d’y installer un futur musée paysan et artisanal. La Fondation du Musée paysan et artisanal est créée dans ce but le 9 septembre 1965. Mais les négociations échouent car le propriétaire refuse de vendre, malgré le délabrement de la maison inhabitée et proche de la ruine.

Les années passent et en avril 1969 on constate soudain que le toit est découvertDiaset que les tuiles brisées gisent au pied des murs. L’émoi est grand chez les défenseurs du patrimoine, mais heureusement pour eux, le propriétaire a omis de demander le permis de démolition. Les réactions ne se font pas attendre et l’affaire est portée devant le Conseil général dans sa séance du 9 avril 1969. Le Conseil communal refuse d’accorder la permission de démolir et invite le propriétaire « à remettre sans délai les choses en l’état où elles étaient avant le début des travaux (…) entrepris sans autorisation le jeudi 3 avril 1969 ». De plus le classement du bâtiment est demandé.

Comme le propriétaire fait la sourde oreille, l’ASPAM propose ses services afin de mettre la maison hors d’eau. A l’insu et en l’absence du propriétaire un véritable coup de force est organisé le samedi 28 et le dimanche 29 septembre de la même année. Un chantier éclairDias est mis sur pied avec l’aide d’un nombre important de volontaires de tous âges. Il s’agit de renforcer la charpente, de remettre en état le lattage du toit et de le couvrir au moyen de tuiles récupérées, ceci avec l’accord de la Commune. A son retour le même soir, le propriétaire constate avec force mauvaise humeur qu’il est à son tour mis devant un fait accompli : la ferme est hors d’eauDiaset donc provisoirement sauvée !

Si la destruction a été évitée de justesse, l’avenir n’est pourtant pas assuré. Le propriétaire interdit toute nouvelle intervention, la propriété est clôturée et mise à ban. Les pourparlers avec l’Etat visant au classement de la ferme n’aboutisse pas, le Conseiller d’Etat Barrelet va jusqu’à déclarer que « la maison ne présente aucun intérêt et doit être démolie ».

La situation semble définitivement bloquée lorsque le propriétaire et son épouse décèdent à la suite d’un tragique accident de la circulation survenu en 1972. Cela va provoquer un brusque retournement de situation : le classement de la maisonDiasest finalement accepté par l’Etat et par les héritiers. En 1977, avec l’aide de Patrimoine suisse et les conseils de l’ASPAM ils entreprennent sa restaurationDias . La maison est enfin sauvée et elle peut à nouveau être habitée, à l’entière satisfaction de ses propriétaires.

Comme devait le rappeler André Tissot, ancien président de l’ASPAM, ce fut l’aboutissement « d’un affrontement difficile du droit de propriété privée avec celui de l’intérêt général commandant la sauvegarde d’une valeur ressentie comme l’héritage de tous».

Le Cernil