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Le destin de cette ferme du XVIIe siècle, propriété de la Commune et vouée à la démolition dès les années 70 suite à  un nouveau plan de quartier, s’est trouvé indirectement lié à celui de l’environnement  du Musée paysan. Notons également que, dans un premier temps, la démolition de Recorne 35 fut heureusement différée grâce à une pétition des habitants du quartier.

En 1978-1979 on apprend que la construction d’immeubles locatifs est prévue sur la parcelle située à l’est du Musée paysan, allant du parc de Framerie aux Abattoirs, comme cela avait du reste été annoncé lors de la séance du Conseil général du 9 mai 1967.

Ce projet ne manque pas d’inquiéter aussi bien l’ASPAM - Musée paysan que la Commune. Des tractations avec les propriétaires aboutissent à un échange de terrain. La parcelle en question devient propriété de la Commune et est placée en zone verte. En échange, les anciens propriétaires obtiennent un terrain équivalent à la Recorne où ils pourront construire les immeubles prévus. Mais cela implique la démolition de la ferme Recorne 35. L’ASPAM se trouve dès lors face à un choix difficile : pour préserver l’environnement du Musée paysan, il lui faut accepter, bien à contrecœur, la démolition de la ferme de la Recorne. Dans une lettre du 5 juillet 1979 à la Commune, l’ASPAM donne son accord et demande que, lors de la démolition de la ferme,  les éléments intéressants puissent être récupérés.

Recorne 35 est donc définitivement condamnée et l’ASPAM  a jusqu’au mois d’avril 1980 pour sauver les « quelques pierres qui peuvent l’intéresser ». Après un examen attentif du bâtiment, force est de constater que si la façade à été considérablement abîmée et transformée, la charpente est intacte de même que certaines tailles et de nombreux éléments d’époque.

Suite à cette condamnation apparemment irrévocable de Recorne 35, quelqu’un suggère de proposer la ferme au Musée de plein air de Ballenberg. L’idée est d’autant plus intéressante que ce dernier ne comporte pas encore de maisons provenant de Suisse romande. L’offre est donc faite et elle est acceptée unanimement, après mûr examen, par les diverses commissions du Musée de Ballenberg.

Dias Avant de passer à la « résurrection » de Recorne 35, il vaut la peine d’ouvrir l’album de photos de la famille Iseli - derniers propriétaires avant la Commune - qui retrace la vie à la ferme dans les années 50-60.

Dias Les travaux de démontage et de transfert de la ferme sont donc entrepris et ils s’achèvent en août 1982. La reconstruction à Ballenberg peut alors commencer.

L’opération « Recorne à Ballenberg » est devisée à plus de Fr. 800.000.- . L’ASPAM se charge de réunir une partie de la somme. Une collecte de fonds est organisée avec la collaboration de Patrimoine suisse auprès de l’Etat et des Communes du Canton. La somme récoltée s’élève à plus de Fr. 260.000.- (un don important d’un particulier compris). Grâce à cette participation, le financement du projet est assuré.

Si le problème financier est réglé, la reconstruction pose de sérieux problèmes et suscite une controverse parfois très rude entre Ballenberg, qui veut reconstruire la façade de la maison dans l’état où elle se trouvait à la Recorne au moment de la démolition, et l’ASPAM qui demande, avec l’appui des Monuments et Sites et du Conseil d’Etat, qu’elle soit restaurée dans sa forme originale du XVIIe siècle. Suite à d’heureuses  trouvailles Dias faites lors du démontage de la ferme (éléments de l’ancienne porte cochère et de la fenêtre à meneaux de la belle chambre) l’option préconisée par l’ASPAM et l’Etat de Neuchâtel finit par l’emporter.

Ainsi, la ferme de la Recorne qui date de 1615 (date confirmée par des recherches d’archives qui ont permis d’établir la liste complète des propriétaires successifs), peut être inaugurée à Ballenberg, dans un site remarquablement adapté, le 18 juin 1985 par un jour de soleil radieux.

Rappelons pour conclure que plus de cinq ans se sont écoulés depuis le début des tractations avec Ballenberg, et que les travaux de reconstruction ont duré plus de trois ansDias , le temps à peu de chose près qu’exigeait la construction d’une telle ferme au XVIIe siècle.

Cette première maison issue de Romandie allait être accompagnée d’autres demeures paysannes provenant, dans un premier temps, de Vaud et de Genève.

Recorne 35